Fiche de lecture - La Fée-Cinéma, autobiographie d’une pionnière - Histoire des Arts – Académie de Normandie

Fiche de lecture - La Fée-Cinéma, autobiographie d’une pionnière

La Fée-Cinéma, autobiographie d’une pionnière.
Alice Guy, L’Imaginaire, Gallimard, Paris, février 2023, 229 pages, 12€50
Préfaces de Céline Sciamma, Nathalie Masduraud et Valérie Urrea

, par Delphine Hue

Quatrième de couverture :
Préfaces de Céline Sciamma, Nathalie Masduraud et Valérie Urrea
La Fée-Cinéma est le récit autobiographique d’Alice Guy : première femme cinéaste du monde.
Ecrire vite. Raconter son enfance, d’abord : la jeune Alice est élevée entre le Chili, la Suisse et la France. Puis le pensionnat et la vie à Paris. Suivent des études de sténographie, avant qu’elle ne devienne en 1895 la secrétaire de Léon Gaumont au Comptoir général de la Photographie.
C’est à la suite de la première projection du cinématographe des frères Lumières qu’Alice a l’idée de tourner de courtes fictions pour soutenir la vente des caméras Gaumont. Déjà « mordue par le démon du cinéma », elle n’a qu’une obsession : raconter des histoires en réalisant ses propres films, dont le plus célèbre, La Fée aux choux, considéré comme le premier film de fiction…
Longtemps effacée de l’Histoire, Alice Guy décrit ici avec précision les débuts du cinéma, la magie de accidents, des expérimentations, et autres bouts de ficelle. Sans détour et sans romance, d’une écriture intime et urgente, elle dit la beauté du 7ème art qu’elle a « aidé à mettre au monde » ; elle se réhabilite.
Elle meurt en 1968 et ses Mémoires, pourtant achevés en 1953, ne seront publiés qu’en 1976.

Le point de vue d’André-Pierre Lacotte, enseignant d’HIDA :
L’ouvrage est passionnant parce qu’en transpire « l’urgence » et l’« intimité » dont il est question dans le quatrième de couverture. Pionnière elle l’est, et pas que pour le cinéma : elle est également une féministe de la première heure. Son récit fait penser à ceux d’illustres femmes, artistes ou non, ayant vécu au XIXe siècle ou à cheval entre le XIXe et le XXe siècles. Je pense particulièrement aux récits « fantastiques » d’Alexandra David-Néel, et moins « fantastiques » mais tout aussi passionnant, plus proche de nous, de Charlotte Perriand. Il y a cependant ici, comme chez A. David-Néel, un côté extrêmement aventurière-exploratrice que l’on trouve beaucoup moins chez C. Perriand. Le récit de vie d’A. Guy, avec ses imprécisions (signalées dans l’ouvrage), est passionnant parce qu’on suit l’existence peu commune d’une géniale artiste et artisane longtemps oublié et enfin, justement réhabilitée.
De nombreuses soirées thématiques, des colloques, des journées d’études, lui ont été consacrée dans des salles du réseau des cinéma indépendant comme au Café des Images à Hérouville-Saint-Clair, à côté de Caen en septembre 2020 à l’occasion de la Journée du Matrimoine 
Les non-connaisseurs peuvent regarder l’excellent documentaire de Valérie Urrea et Nathalie Masduraud de 2021, disponible sur Arte : Documentaire
Et lire l’article du Monde : Article